Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que l'attaque israélienne contre un port contrôlé par les Houthis au Yémen samedi « montre à nos ennemis qu'il n'y a aucun endroit où le long bras d'Israël ne puisse atteindre ».

On rapporte que trois personnes ont été tuées et 87 autres blessées lors du raid aérien israélien qui a visé des dépôts de carburant, des sites liés à l'énergie et d'autres installations dans le port d'Al-Hudaydah, provoquant d'importants incendies.

Selon l'armée israélienne, le port a été utilisé à plusieurs reprises pour l’acheminement d’armes en provenance d'Iran, et Israël l’a donc considéré comme une cible militaire légitime. Il s'agit des premières frappes de l'armée israélienne au Yémen depuis que les Houthis ont lancé des centaines d’attaques contre Israël et les routes maritimes de la mer Rouge en solidarité avec les Palestiniens à la suite de l'attaque du Hamas le 7 octobre contre Israël, qui a déclenché la guerre en cours à Gaza.

Cela est également intervenu un jour après une attaque des Houthis avec un drone sur Tel Aviv qui a tué un civil israélien et en a blessé plusieurs autres.

Netanyahu a déclaré dans un communiqué télévisé : « J’ai un message pour les ennemis d'Israël – ne vous trompez pas à notre sujet ». « Nous nous protégerons par tous les moyens et sur tous les fronts. Et quiconque nous fait du mal paiera un lourd tribut pour son agression ».

Il a ajouté : « Le port que nous avons visé n’est pas un port innocent ». « Il a été utilisé comme point d’entrée pour les armes létales fournies par l’Iran aux Houthis ».

Selon le « Times of Israel », les dirigeants israéliens ont souligné que la frappe était un message non seulement aux Houthis mais aussi à l’Iran et à ses autres agents dans la région, y compris le Hamas et le groupe libanais Hezbollah, qui attaquent les communautés israéliennes et des sites militaires le long de la frontière nord, proche de la frontière, quotidiennement depuis le 8 octobre.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré dans une vidéo : « Le feu qui brûle actuellement à Al-Hudaydah est visible dans tout le Moyen-Orient et son importance est claire ».

« Les Houthis nous ont attaqués plus de 200 fois, mais c’est la première fois qu’ils font du mal à un citoyen israélien, nous l’avons frappé. Et nous le ferons partout où cela sera nécessaire ».

« Le sang des citoyens israéliens a un prix. Cela a été clairement démontré au Liban, à Gaza, au Yémen et ailleurs – s'ils osent nous attaquer, les conséquences seront les mêmes ».

Le ministre des Affaires étrangères Yisrael Katz a déclaré que le message de l’Iran concernant « une guerre d’extermination » contre Israël justifiait sa destruction.

Katz a écrit sur X : « Le régime qui menace de destruction mérite d’être détruit ». Il a également affirmé qu’Israël agirait avec toute sa force contre le Hezbollah soutenu par l’Iran si celui-ci ne cessait pas ses tirs sur Israël depuis le Liban et ne s’éloignait pas de la frontière ».

La mission iranienne à l’ONU a déclaré le mois dernier que si Israël lançait une « agression militaire à grande échelle » au Liban, « une guerre dévastatrice en résulterait ».

La mission iranienne a également écrit sur X qu'en pareil cas « toutes les options, y compris la participation totale de tous les fronts de la résistance, sont sur la table ».

Suite au raid israélien samedi, un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a averti qu’« la dangereuse aventure » d’Israël pourrait provoquer une guerre régionale.

Nasr al-Kanani a ajouté qu’Israël et ses parrains – y compris le gouvernement américain – « sont directement responsables des conséquences graves et imprévues des attaques aventureuses contre le Yémen ».

Un porte-parole des Houthis a déclaré samedi soir que « l’objectif [de la frappe israélienne] est de faire pression sur le Yémen pour qu’il cesse de soutenir Gaza, un rêve impossible. Cela ne fera qu’accroître la détermination du peuple yéménite et de ses forces armées à soutenir Gaza ».

Le porte-parole des Houthis a qualifié le port d’Al-Hudaydah de cible civile, affirmant que l’attaque israélienne visait une centrale électrique fournissant l’électricité à la ville.

Le Hezbollah a déclaré séparément dans un communiqué que « la démarche insensée prise par l’ennemi sioniste annonce une nouvelle phase dangereuse d’une confrontation extrêmement importante dans toute la région ».

Dans un communiqué samedi soir, le porte-parole de l’armée israélienne, l’amiral Daniel Hagari, a déclaré qu’Israël « a attaqué la zone portuaire parce qu’elle est une voie d’approvisionnement pour transférer les armes iraniennes de l’Iran au Yémen, et parce qu’elle est une source économique importante pour le terrorisme houthi ».

« Le Yémen est un grand pays. Une partie seulement est sous contrôle terroriste houthi. Hagari a dit : « Nous n’avons aucune intention d’attaquer le peuple yéménite ».

Il a fait référence aux attaques continues des Houthis sur les navires commerciaux depuis novembre. Les Houthis ont visé plus de 70 navires avec des missiles et des drones dans leur campagne, tuant quatre marins. Les rebelles ont saisi un navire et coulé deux navires depuis novembre.

Les Houthis affirment que leurs attaques ciblent les navires liés à Israël, aux États-Unis et au Royaume-Uni dans le cadre du soutien des rebelles au Hamas dans leur guerre contre Israël. Cependant, de nombreux navires attaqués n'ont aucun lien avec la guerre, notamment certains navires à destination de l’Iran.

Hagari a indiqué que l’attaque de samedi a été réalisée uniquement par les forces israéliennes, mais il a appelé d’autres pays à soutenir les efforts d’Israël contre les Houthis, qualifiant les attaques de ce groupe terroriste contre les navires de problème mondial.

Par ailleurs, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, après la frappe au Yémen, a déclaré que les États-Unis « reconnaissent pleinement le droit d’Israël à l’autodéfense ».

Lors d’un appel ultérieur avec Gallant, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a reconnu « que l’action israélienne faisait suite à des mois d’attaques houthis contre l’État d’Israël », selon un communiqué américain.

Un porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré qu’il « était profondément préoccupé » par la frappe israélienne, tout en reconnaissant qu’Israël avait affirmé qu’elle était une réponse aux attaques répétées des Houthis.

Le porte-parole a déclaré que « le secrétaire général exhorte toutes les parties concernées à éviter des attaques qui pourraient nuire aux civils et aux infrastructures civiles », ajoutant que Guterres « reste profondément préoccupé par le risque d’une escalade supplémentaire dans la région et continue d’exhorter tous à faire preuve du plus grand soin et de retenue ».

En Israël, les frappes ont été bien accueillies par tous les bords politiques.

Sur X samedi soir, le chef de l’opposition Yair Lapid, du parti centriste de gauche Yesh Atid, a loué les forces aériennes pour « l’opération parfaite », qualifiant le raid de « justifié et précis ».

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, a publié le mot « Bomba ! », un terme d’argot désuet signifiant « génial » et « coup fort », bien qu'il se traduise littéralement par « bombe » dans plusieurs langues.