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Publié: juin 21, 2024
Le Sénat a adopté un projet de loi gouvernemental visant à aider à dissuader, enquêter et punir les ingérences étrangères, alors que des craintes persistent que la législation n’ait pas fait l’objet d’un examen suffisant et puisse violer de manière injustifiée les libertés fondamentales.
Les membres du Sénat ont approuvé la législation tard mercredi après avoir voté contre un amendement proposé visant à garantir que les innocents ne soient pas pris dans ses filets.
Un récent rapport de la Commission de la sécurité nationale et du renseignement à l’intention des parlementaires indique que des pays étrangers s’engagent dans des ingérences sophistiquées et à grande échelle ciblant spécifiquement les processus démocratiques au Canada avant, pendant et après les élections.
Il a constaté que la Chine et l’Inde sont les coupables les plus actifs, ajoutant que ces activités représentent une menace importante pour la sécurité nationale et l’intégrité de la démocratie canadienne.
Le projet de loi fédéral, connu sous le nom de C-70, crée des infractions pour les interventions étrangères ciblées en raison d’actes trompeurs ou secrets qui sapent les processus démocratiques. Le gouvernement affirme qu’un exemple est d’influencer secrètement les résultats du processus politique, comme la désignation d’un candidat.
Il existe également une nouvelle infraction pénalisant les actes trompeurs ou secrets qui nuisent aux intérêts canadiens — par exemple, aider des agents étrangers se faisant passer pour des touristes à entrer au Canada.
De plus, le projet de loi modifie la loi afin de mieux traiter l’intimidation étrangère des membres des communautés de la diaspora au Canada.
L’infraction de sabotage nouvellement introduite vise les comportements dirigés contre les infrastructures essentielles, telles que les systèmes permettant le transport, les communications ou soutenant la prestation des services de santé et alimentaires.
Le projet de loi permet également au Service canadien du renseignement de sécurité de divulguer des informations sensibles en dehors des enceintes gouvernementales afin de renforcer la résilience face à l’ingérence étrangère.
La législation reconnaît que d’autres pays et entités étrangères s’engageant dans l’ingérence pour atteindre des objectifs politiques peuvent employer des personnes pour agir en leur nom sans révéler ces relations.
Le registre de transparence exigera de certaines personnes qu’elles s’enregistrent auprès du gouvernement fédéral afin d’aider à se protéger contre de telles activités.
Le fait de ne pas enregistrer un arrangement ou une activité avec un dirigeant étranger — qu’il s’agisse d’une puissance, d’un État, d’un organisme ou d’une entité économique — peut entraîner des sanctions financières ou même des sanctions pénales.
Les dispositions pénales du projet de loi, ainsi que le registre d’influence, ciblent les activités menées « en collaboration avec » une entité étrangère — formulation qui a choqué la sénatrice Yuen Pau Woo comme étant excessivement large.
Woo a proposé de supprimer cette expression du projet de loi afin de protéger la liberté d’expression et d’association, et d’aider à prévenir la stigmatisation des Canadiens qui pourraient être visés de manière injuste par des termes trop vagues.
Son amendement proposé a été rejeté mercredi, et les membres du Sénat ont alors approuvé la législation.
Woo a fait face à des accusations de sympathie excessive envers le gouvernement chinois, des allégations que la sénatrice a publiquement rejetées.
Il a exprimé jeudi sa « profonde inquiétude » que la législation puisse avoir un effet négatif sur la participation civique, en particulier au sein des communautés de la diaspora au Canada.
Il a déclaré : « Je crains que les Canadiens désireux de contribuer à la démocratie canadienne ne soient criminalisés pour leurs actes civiques à cause d’un projet de loi qui pourrait les qualifier d’avoir agi secrètement ou de manière trompeuse — sur la base qu’ils sont considérés comme « liés » à une entité étrangère ».
La législation, présentée à la Chambre des communes au début du mois dernier, a été rapidement adoptée par le Parlement.
Le groupe international de surveillance des libertés civiles, basé à Ottawa, a déclaré jeudi qu’un projet de loi d’une telle importance, complexité et impact potentiel méritait un examen plus approfondi.
Le groupe, qui représente des dizaines d’organisations de la société civile, a déclaré qu’il était décevant, mais pas surprenant, qu’aucun autre changement n’ait été apporté pour protéger les libertés et les droits du Charte.
Il a ajouté : « Comme nous l’avons souligné lors de l’étude rapide du projet de loi, il est essentiel de traiter les dommages causés par l’ingérence étrangère. » « Cependant, de nombreuses propositions contenues dans l’ensemble du soixante-dix sont beaucoup trop vagues, manquent de garanties et de transparence, et vont bien au-delà de l’ingérence étrangère. »
La présidente du Conseil des affaires canadiennes, Goldy Hyder, a déclaré que les parlementaires ont prouvé que lorsqu’il s’agit de sécurité nationale, ils peuvent travailler de manière coopérative et efficace.
Hyder a déclaré que les dirigeants d’entreprise canadiens réclamaient depuis longtemps des mesures de sécurité économique dans le projet de loi, notamment les nouvelles infractions pour sabotage et la permission d’un échange accru de renseignements liés aux menaces avec les entreprises canadiennes.
Dave Conacher, cofondateur du Democracy Watch, a déclaré que les législateurs « ont laissé des lacunes dans le projet de loi permettant l’ingérence secrète dans les élections, les courses à la direction des partis et les partis politiques ainsi que les processus décisionnels gouvernementaux à travers le Canada ».
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