Le plus grand groupe humanitaire des Nations Unies, l'UNRWA, opérant sur le terrain dans la bande de Gaza, a déclaré dimanche qu'il était incapable de continuer à fournir une aide humanitaire alors qu'environ un million d'habitants du nord de Gaza luttent pour fuir vers le sud ou trouver un refuge avant une offensive terrestre imminente d'Israël.

Le commissaire de l'UNRWA a déclaré : « J'ai convoqué cette conférence de presse pour sonner l'alarme, car à partir d'aujourd'hui, mes collègues de l'UNRWA (Agence des Nations Unies pour le secours et le travail des réfugiés palestiniens au Proche-Orient) à Gaza ne sont plus en mesure de fournir une assistance humanitaire ».

Le général Philippe Lazzarini a déclaré : « Pendant que je vous parle, Gaza est à court d'eau et d'électricité. En réalité, Gaza est étranglée, et il semble que le monde ait maintenant perdu son humanité ».

Cette déclaration fait suite à des informations sur l'épuisement de l'eau dans de nombreux abris de l'ONU, alors qu'Israël a coupé l'eau, la nourriture, le carburant et l'électricité à la bande de Gaza plus tôt cette semaine, après l'attaque dévastatrice menée par le Hamas le 7 octobre, qui a fait plus de 1400 morts israéliens, en grande majorité civils, et a conduit le Hamas à détenir environ 150 otages.

Dans les jours qui ont suivi l'attaque, Israël a bombardé Gaza avec des frappes aériennes. Plus de 2600 Palestiniens ont été tués et 9600 blessés, selon le ministère de la Santé de Gaza.

L'UNRWA est l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens et gère des abris temporaires en dehors des écoles qu'elle administre afin d'aider ceux qui cherchent refuge ou dont les maisons ont déjà été détruites par les frappes aériennes israéliennes. L'agence gère également 22 centres de santé et 14 centres de distribution alimentaire, mais plusieurs centres de santé ont dû fermer la semaine dernière, et tous les centres de distribution alimentaire sont fermés depuis le 7 octobre, laissant près d'un demi-million de personnes sans services et sans leurs rations alimentaires.

Lazzarini a déclaré : « Pas une goutte d'eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n'a été autorisé à entrer dans la bande de Gaza au cours des huit derniers jours ».

« Le nombre de personnes cherchant un abri dans nos écoles et autres installations de l'UNRWA dans le sud est énorme, et nous n'avons plus la capacité de les gérer. »

Plus de 400 000 personnes déplacées à l'intérieur de Gaza ont cherché refuge dans les écoles et les abris de l'UNRWA jusqu'à présent.

Lazzarini a ajouté que 14 employés de l'UNRWA ont été tués la semaine dernière, dont des enseignants, des ingénieurs, des gardiens, des psychologues, un ingénieur et un gynécologue-obstétricien, et que « la majorité des 13 000 employés de l'UNRWA dans la bande de Gaza sont maintenant déplacés ou hors de leurs maisons ».

Dans une vidéo partagée avec le site X dimanche, un employé de l'UNRWA basé dans un centre de la ville de Khan Younis a déclaré que 15 000 réfugiés palestiniens étaient venus dans ce seul centre.

Rawya Halas a déclaré dans la vidéo : « Ils ont quitté leurs maisons, sans nourriture ni boisson, diabétiques, enfants, même les handicapés et les nourrissons, certains enfants ont la varicelle ». Elle a ajouté que « le centre ne peut pas accueillir ce nombre, ni en nourriture, ni en toilettes, ni en eau, ni en électricité ».

En pleurs, elle a supplié : « S'il vous plaît, sauvez Gaza ». « Elle meurt, elle meurt, elle meurt ».

Israël a ordonné vendredi aux habitants du nord de Gaza d'évacuer avant l'invasion terrestre attendue, poussant des millions de personnes à fuir. D'autres, incapables d'évacuer, ont trouvé refuge dans des hôpitaux du nord, où le personnel tente toujours de soigner les patients qui ne peuvent être déplacés.

L'UNRWA a déclaré dans un communiqué samedi appelant les autorités israéliennes à protéger les civils : « Les guerres ont des règles. Les civils, les hôpitaux, les écoles, les cliniques et les bâtiments des Nations Unies ne peuvent pas être des cibles ». « L'UNRWA ne ménage aucun effort pour appeler les parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international pour protéger les civils, y compris ceux qui cherchent refuge dans les abris de l'UNRWA ».

Il a ajouté que « les abris de l'UNRWA à Gaza et dans le nord de Gaza ne sont plus sûrs. C'est sans précédent ».

L'UNRWA exhorte Israël à autoriser l'entrée de carburant dans la région afin que la station d'eau et l'usine de dessalement d'eau dans le sud de Gaza puissent fonctionner à nouveau.

Lazzarini a déclaré dimanche : « Malheureusement, nous manquons toujours de carburant », « Toutes les parties doivent faciliter le passage humanitaire afin que nous puissions atteindre tous ceux qui ont besoin de soutien ».

Le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan a déclaré à CNN dimanche que les responsables israéliens lui avaient communiqué que l'eau avait été rétablie dans le sud de Gaza. Le porte-parole du ministère israélien de l'Énergie et de l'Eau, Adir Dahan, a déclaré que l'eau avait été rétablie en un seul endroit dans le sud de Gaza, mais les travailleurs humanitaires affirment ne pas avoir vu de preuve que l'eau coule à nouveau ailleurs dans la région.

Le directeur régional de l'Organisation mondiale de la santé a appelé l'Égypte à rouvrir le passage frontalier de Rafah pour permettre l'entrée de fournitures médicales et d'aide humanitaire à Gaza. Le passage, seul point de sortie de la zone assiégée, a été fermé mardi après que des avions israéliens ont effectué des frappes aériennes à proximité du côté gazaoui du passage.

Lazzarini a déclaré que si de nouveaux approvisionnements n'étaient pas introduits à Gaza, les équipes d'aide ne pourraient pas poursuivre leurs opérations.

Il a aussi dit que la situation humanitaire à Gaza est un problème depuis des décennies, la région pauvre de 2,3 millions d'habitants dépendant de l'aide internationale bien avant la récente escalade des hostilités. Gaza est sous blocus depuis 2007, lorsque le Hamas a pris le pouvoir. Le Canada a classé le Hamas comme organisation terroriste.

Lazzarini a déclaré : « Avant la guerre, Gaza était assiégée depuis 16 ans, et plus de 60 % de la population dépendait déjà de l'aide alimentaire internationale ». « C'était déjà, avant la guerre, une communauté en situation de soins humanitaires ».

Mais il a dit que gêner autant les efforts de secours dans la région est « sans précédent ».

Il a ajouté : « L'attaque sur Israël la semaine dernière était horrible, et les images et témoignages dévastateurs continuent d'apparaître ». « L'attaque et la prise d'otages constituent une violation flagrante du droit international humanitaire. Mais répondre à la mort de civils par la mort d'encore plus de civils ne peut pas être la solution ».