Dans une démarche reflétant les complexités du paysage politique régional, des sources saoudiennes et occidentales ont déclaré à l'agence “Reuters” que le Royaume d'Arabie saoudite a abandonné ses efforts pour conclure un traité de défense global avec les États-Unis en échange de la normalisation des relations avec Israël, et recherche désormais un accord limité de coopération militaire.

Changement dans les positions saoudiennes

Plus tôt cette année, Riyad avait assoupli sa position concernant l'établissement d'un État palestinien comme condition préalable à la normalisation des relations avec Israël, et avait informé les États-Unis qu'elle pourrait accepter dès lors qu'Israël annoncerait son engagement envers la solution à deux États. Cependant, selon les sources, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a conditionné la reconnaissance d'Israël à des mesures concrètes en faveur de la création d'un État palestinien.

Ce changement est survenu dans un contexte d'aggravation de la colère populaire au sein du royaume et au Moyen-Orient en raison des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza, ce qui a accru la pression sur la direction saoudienne pour qu'elle revoie ses positions.

Pressions internes et externes

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou demeure désireux de parvenir à la normalisation des relations avec l'Arabie saoudite, mais il fait face à une forte opposition à l'intérieur d'Israël contre toute concession aux Palestiniens, en particulier après les attaques du 7 octobre 2023 menées par le mouvement Hamas.

Dans le même temps, Riyad et Washington cherchent à conclure un accord de sécurité moins ambitieux avant la fin du mandat du président américain Joe Biden en janvier 2025. Toutefois, des observateurs indiquent qu’un tel accord ne parviendra pas au niveau d’un traité de défense complet comme l’avaient initialement souhaité les deux parties.

Détails de l’accord proposé

L’accord actuel, toujours en discussion, comprend :

• Le renforcement des entraînements et des manœuvres militaires conjointes pour faire face aux menaces régionales, en particulier de l’Iran.

• L'élargissement des partenariats de défense entre les entreprises saoudiennes et américaines avec des garanties visant à empêcher la coopération avec la Chine.

• Le renforcement des investissements saoudiens dans les technologies avancées, y compris les systèmes de défense contre les drones.

• L’augmentation de la présence militaire américaine à Riyad, à travers des entraînements, un soutien logistique et la cybersécurité, avec la possibilité de déployer une brigade de missiles Patriot pour renforcer la défense antimissile.

Cependant, l’accord n'inclura pas d’engagement contraignant des États-Unis à protéger l’Arabie saoudite en cas d'attaque extérieure, comme c’est le cas pour le Japon ou la Corée du Sud.

Défis pour parvenir à un accord

Des diplomates estiment que la ratification d’un traité de sécurité complet nécessite l’approbation des deux tiers du Sénat américain, ce qui est difficile à obtenir à moins que l’Arabie saoudite ne reconnaisse Israël.

Avec la montée des chances du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les inquiétudes concernant le plan de la “transaction du siècle” qui excluait la création d’un État palestinien souverain refont surface. Trump et son allié Jared Kushner pourraient faire pression pour que le prince héritier saoudien soutienne une vision similaire s’il retrouvait la présidence.

Avenir des relations saoudo-américaines et régionales

Les analystes prévoient que la manière dont le prince héritier équilibre les priorités de l’Arabie saoudite, les pressions internes et le paysage diplomatique changeant déterminera les contours de sa direction et l'avenir de la paix dans la région.

La question demeure de savoir si l'administration américaine actuelle pourra finaliser un accord avant le départ de Biden, dans un contexte de divisions politiques aux États-Unis, d’inquiétudes régionales et de tensions persistantes autour de la question palestinienne.

Conclusion :

Le recul saoudien sur un traité global reflète des complexités politiques et régionales profondes, et indique que la réalisation d’une normalisation complète avec Israël restera conditionnée à des étapes concrètes vers la résolution de la question palestinienne.