La Russie s'est officiellement retirée mardi d'un traité de sécurité historique qui imposait des restrictions sur des catégories principales des forces armées conventionnelles, tenant les États-Unis responsables d'avoir sapé la sécurité dans l'ère post-guerre froide en étendant l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord).

Le traité sur les forces armées conventionnelles en Europe de 1990, signé un an après la chute du mur de Berlin, imposait des restrictions vérifiables sur les catégories d'équipements militaires conventionnels que l'OTAN et le Pacte de Varsovie pouvaient déployer à l'époque.

Ce traité visait à empêcher l'une ou l'autre des parties de la guerre froide de rassembler des forces pour lancer une attaque rapide contre l'autre partie en Europe, mais il n'était pas populaire à Moscou car il affaiblissait la supériorité de l'Union soviétique en armes conventionnelles.

La Russie a suspendu sa participation au traité en 2007 et en a arrêté la mise en œuvre effective en 2015. Plus d'un an après l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine, le président Vladimir Poutine a signé en mai un décret annulant le traité.

Le ministère russe des Affaires étrangères a également déclaré que la Russie s'était officiellement retirée du traité à minuit, ajoutant qu'il appartient désormais au « passé ».

Le ministère a déclaré : « Le traité sur les forces armées conventionnelles en Europe a été conclu à la fin de la guerre froide, lorsque la formation d'une nouvelle structure de sécurité mondiale et européenne basée sur la coopération semblait possible, et lorsque des tentatives appropriées ont été faites. »

Qu'est-ce que le traité sur les forces conventionnelles ?

Le traité sur les forces armées conventionnelles en Europe a été signé par les représentants des États membres de l'OTAN et des membres du Pacte de Varsovie le 19 novembre 1990 à Paris et est entré en vigueur le 9 novembre 1992.

Le traité prévoyait de limiter les forces conventionnelles des deux alliances militaires ainsi que de restreindre le déploiement des forces sur la ligne de contact entre les deux alliances... dans le but d'empêcher une attaque surprise et de lancer des attaques à grande échelle en Europe.

Il visait également à établir des limites globales sur les catégories clés d'équipements militaires conventionnels en Europe (de l'Atlantique aux montagnes de l'Oural) et imposait la destruction des surplus d'armes au-delà des limites du traité.

Avec la disparition du Pacte de Varsovie, puis de l'Union des républiques socialistes soviétiques, et en particulier avec l'expansion de l'OTAN, lorsque les anciens pays du Pacte de Varsovie et des républiques soviétiques ont rejoint l'OTAN par étapes, les mécanismes des traités conçus pour maintenir l'équilibre des forces entre les deux alliances militaire et politique ont commencé à perdre leur sens.

En raison de l'expansion de l'OTAN, l'alliance a dépassé les niveaux fixés par le traité en termes de nombre d'armes et d'équipements au détriment des quotas des anciens pays du bloc de l'Est.

Les conditions de l'accord prévoyaient également la limitation de la taille des chars, des canons, des avions et d'autres armes conventionnelles, comme suit :

* Chars : le maximum que chaque partie peut rassembler ne doit pas dépasser 20 000 chars, dont seulement 16 500 chars dans des unités de combat.

* Véhicules blindés : limite de 30 000 blindés, dont la taille des blindés dans les unités de combat ne dépasse pas 27 300 blindés.

* Artillerie : maximum de 20 000 canons de chaque côté, et le nombre de canons sur les fronts de combat ne doit pas dépasser 17 000 canons.

* Avions de chasse : maximum de 6 800 avions.

* Hélicoptères d'attaque : maximum de 2 000 avions.