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Publié: juillet 20, 2024
La Cour suprême du Canada a statué que l'État n'est pas à l'abri de la responsabilité pour la rédaction et l'adoption de lois qui se révèlent par la suite inconstitutionnelles.
Dans un jugement rendu vendredi, la majorité de la Cour suprême a déclaré que les gouvernements ont une responsabilité limitée pour les lois qui s'avèrent enfreindre la Charte.
Cette décision ouvre la voie à un homme du Nouveau-Brunswick pour poursuivre le gouvernement fédéral concernant deux lois adoptées par le gouvernement conservateur précédent en 2010 et 2012.
Joseph Power a été condamné pour des crimes dans les années 1990, a purgé une peine de prison, puis est devenu spécialiste en technologie de la radiologie médicale.
Il a été suspendu de son emploi en 2011 lorsque son employeur a appris son casier judiciaire, et il a demandé un pardon en 2013, mais celui-ci a été refusé.
Les modifications législatives introduites par les conservateurs fédéraux, qui ont été appliquées rétroactivement, l'ont rendu définitivement inéligible à un pardon et il a perdu son emploi. Power a déclaré que son casier judiciaire rendait impossible pour lui de travailler dans son domaine.
Cependant, il a été par la suite déclaré que certaines parties de la législation permettant une application rétroactive étaient incompatibles avec la Charte des droits et libertés.
Power a intenté une action en réparation, alléguant que l'adoption et l'application de la législation constituaient un comportement manifestement erroné, fait de mauvaise foi et d'abus de pouvoir gouvernemental.
Avant que cela ne soit porté devant un tribunal, le procureur général fédéral a cherché à clarifier s'il était possible de rendre la Couronne responsable des dommages causés par la rédaction et l'adoption d'un projet de loi ultérieurement jugé inconstitutionnel.
Un juge a statué sur la possibilité d'une responsabilité dans certaines circonstances, décision qui a été confirmée par la Cour d'appel du Nouveau-Brunswick. Le procureur général fédéral a ensuite porté son affaire devant la Cour suprême.
L'affaire comprenait une longue liste d'intervenants, y compris les provinces, plusieurs Premières Nations, ainsi que les présidents de la Chambre des communes et du Sénat.
La Cour suprême a déclaré que les gouvernements peuvent être tenus responsables des lois manifestement inconstitutionnelles, ou adoptées de mauvaise foi ou constituant un abus de pouvoir. Cette norme élevée est en vigueur depuis plus de deux décennies.
Le juge en chef Richard Wagner et le juge Andromache Karakatsanis ont écrit au nom de la majorité : « En protégeant le gouvernement de toute responsabilité même dans les pires circonstances, l'immunité absolue compromettrait les principes qui exigent la responsabilité gouvernementale. »
La décision souligne l'importance du privilège parlementaire dans la démocratie canadienne, affirmant qu'il donne aux assemblées législatives les outils nécessaires pour accomplir leurs fonctions essentielles, par exemple, assurer aux législateurs la liberté d'expression requise pour faire leur travail sans crainte de responsabilité.
Cependant, Wagner et Karakatsanis ont précisé que les actes de Power sont dirigés contre l'État et non contre les membres individuels du Parlement.
Ils ont déclaré : « La responsabilité de l'État pour une législation inconstitutionnelle n'affecte pas l'immunité personnelle des membres en ce qui concerne le discours parlementaire. Elle ne contredit pas non plus le pouvoir du Parlement de contrôler ses débats et procédures, ni d'imposer la manière dont la fonction législative est exercée. »
La décision rejette l'argument du procureur général du Canada selon lequel « les catégories de privilèges parlementaires reconnus s'étendent à empêcher un contrôle externe à chaque étape du processus législatif, à chaque discours et à chaque comportement des responsables gouvernementaux ou ministres concernant la loi - le processus décisionnel, y compris leurs motivations non divulguées ».
La Cour a déclaré que cet argument menace d'étendre le privilège parlementaire à l'exécutif, « avec des conséquences de grande portée et imprévues ».
Le jugement ne précise pas si Power devrait recevoir une quelconque compensation, mais il lui ouvre la voie pour aller de l'avant s'il le souhaite.
Les juges Nicholas Kasirer et Mahmud Jamal ont rédigé une opinion partiellement dissidente, estimant que la Couronne devrait bénéficier d'une immunité absolue pour la préparation et la rédaction — mais pas pour l'adoption — d'une loi inconstitutionnelle.
Les juges Suzanne Côté et Malcolm Rowe se sont opposés totalement à la décision, écrivant que « la préparation, la rédaction et l'adoption de la législation impliquent nécessairement un privilège parlementaire, ce qui est fondamentalement incompatible avec l'octroi de compensations contre la Couronne de la manière requise ».
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