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Publié: octobre 24, 2023
Le tribunal fédéral a approuvé le plus grand règlement proposé dans l'histoire du pays, qui reconnaît les préjudices subis par les enfants des Premières Nations. Ainsi, Ottawa versera plus de 23 milliards de dollars pour indemniser les enfants autochtones et leurs familles qui ont souffert d’un manque chronique de services de protection de l’enfance.
Les indemnités de 23,4 milliards de dollars s’adressent à plus de 300 000 enfants retirés et éloignés de leurs communautés et familles. Le règlement comprend également l’allocation de 20 milliards de dollars pour réformer le système de protection de l’enfance.
Ceci constitue également l’aboutissement d’un long combat lancé en 2007 par la directrice exécutive de l’Association de protection de l’enfance et de la famille des Premières Nations, Cindy Blackstock. Cette dernière s’est empressée d’exprimer sa joie suite à la décision du tribunal fédéral sur les réseaux sociaux peu après son annonce.
Il est à noter qu’après neuf ans de la demande de Blackstock, la Cour canadienne des droits de la personne (2016) a statué que le Canada pratique la discrimination à l’égard des enfants des Premières Nations en raison des disparités dans le financement des services de protection de l’enfance à l’intérieur et à l’extérieur des réserves.
Cette même cour a également conclu que les enfants des Premières Nations subissent des conséquences négatives dues aux services fournis par le gouvernement, et dans certains cas, ils sont privés de ces services.
Il convient de mentionner qu’Ottawa n’a pas annoncé les détails de l’accord de compensation des personnes victimes de discrimination par le système de protection de l’enfance avant 2022. Ce jour-là, la Cour canadienne des droits de la personne a rejeté la proposition du gouvernement canadien.
La Cour des droits de la personne a estimé que l’accord ne remplissait pas les critères requis, car il excluait certains enfants, notamment ceux retirés de leur domicile et placés dans des environnements non financés par le gouvernement fédéral; de plus, il ne garantissait pas une compensation de 40 000 dollars par enfant.
En avril dernier, l’Assemblée des Premières Nations (APN - AFN) et l’Association de protection de l’enfance et de la famille des Premières Nations ont proposé l’accord qui a été ratifié aujourd’hui par le tribunal fédéral.
Par ailleurs, Blackstock affirme que les problèmes persistent dans le système de protection de l’enfance, notant que les enfants des Premières Nations vivant dans les réserves continuent de faire face à des inégalités dans l’accès aux soins de santé et que Ottawa doit redoubler d’efforts pour les protéger.
Cindy Blackstock souligne également qu’il faut garantir que le gouvernement du Canada traite les enfants de manière équitable, « non seulement aujourd’hui, mais aussi demain, après-demain et à l’avenir ».
De plus, l’Assemblée des Premières Nations a appelé le chef du pays à présenter des excuses pour la discrimination et le sous-financement dans le système de protection de l’enfance.
La présidente par intérim de l’assemblée, Joanna Bernard, a déclaré : « Les excuses publiques du Premier ministre Justin Trudeau et sa reconnaissance des effets dévastateurs causés par le programme fédéral de protection de l’enfance sur de nombreux enfants et familles des Premières Nations ne sont pas seulement nécessaires, mais aussi attendues depuis longtemps… Des excuses explicites à la Chambre des communes symbolisent une avancée dans l’esprit de réconciliation et de guérison. »
Pour sa part, Blackstock exprime sa conviction que les victimes méritent des excuses individuelles pour les préjudices subis, « mais pour que les excuses aient du sens, le gouvernement fédéral doit changer le cours de ses relations avec les peuples des Premières Nations », selon ses termes. Elle a ajouté : « La meilleure excuse que le Canada puisse offrir est un changement de comportement, en garantissant qu’aucune autre génération d’enfants ne soit lésée. »
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