Nouvelles du Canada arabe
Nouvelles
Publié: décembre 22, 2024
Au cours des années précédant la chute de Bachar al-Assad et sa fuite en Russie, le président du régime syrien a subi une série d'humiliations publiques de la part de son principal allié, la Russie. Bien que Moscou ait soutenu militairement Assad pour préserver son régime face à la révolution syrienne, cette aide n'est pas venue sans un coût élevé, que Assad a payé avec la souveraineté de son pays et sa dignité personnelle, en échange de sa maintien au pouvoir.
Évacuation d'Assad à la dernière minute
Dans une déclaration attribuée à Assad, datée du 16 décembre en cours, il a indiqué avoir été exfiltré vers la Russie le 8 du même mois à la demande russe, sans que lui ou son régime aient eu un rôle dans la prise de décision. La déclaration précise que Moscou a donné des instructions au commandement de la base militaire de Hmeimim à Lattaquié pour exécuter l'opération "d'évacuation immédiate" et le transférer sur le territoire russe, ce qui montre que Moscou ne considère plus Assad que comme un pion dont le temps d'utilisation est révolu.
Humiliations répétées pendant les années de guerre
1. Contrôle total de la décision syrienne
Depuis son intervention en Syrie en 2015, la Russie a traité le pays comme une zone d'influence privée. Des accords à long terme ont été signés, accordant à Moscou le contrôle des ressources stratégiques de la Syrie, telles que le port de Tartous et le gaz naturel. De plus, des enregistrements fréquents montrent des officiers russes donnant des ordres directs aux officiers syriens, indiquant clairement que la décision militaire est entièrement russe, tandis qu'Assad n'était qu'une façade locale.
2. Humiliations protocolaires publiques
En décembre 2017, lors de la visite du président russe Vladimir Poutine à la base de Hmeimim, Assad s'est vu publiquement interdit de marcher aux côtés de Poutine. Un officier russe a tendu la main devant Assad pour l'empêcher de rejoindre le président russe, dans une scène que les opposants ont considéré comme un « symbole de la perte de sa souveraineté sur son pays ». Assad est également apparu à d'autres occasions attendant seul dans des pièces secondaires pendant les rencontres avec Poutine, reflétant clairement sa subordination.
3. Déclarations russes minimisant son importance
Les déclarations des responsables russes, notamment celle du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ont confirmé que le maintien d'Assad au pouvoir n'est pas un objectif stratégique pour Moscou, et qu'il peut être remplacé si une alternative acceptable est trouvée. Ces déclarations ont placé Assad dans une position faible face à ses alliés et ses ennemis, diminuant son statut de leader, même au sein de son propre régime.
4. Médias russes et minimisation du rôle d'Assad
La propagande russe tout au long des années de guerre a mis l’accent sur la présentation de Moscou comme le « seul sauveur » de la Syrie, ignorant le rôle de l’armée syrienne ou celui d’Assad lui-même. Dans les émissions et reportages russes, Assad apparaissait comme un simple subordonné dépendant entièrement du soutien russe, sans aucune capacité réaliste de prendre des décisions cruciales.
Significations de la relation entre Assad et Moscou
Ce qui s’est passé au cours des dernières années, jusqu’à la dernière opération d’évacuation, reflète la nature inégale de la relation entre la Russie et le régime syrien. Moscou a exploité la crise syrienne pour renforcer son influence au Moyen-Orient, sans hésiter à présenter Assad comme un subordonné totalement démuni.
Ces humiliations, qu’Assad a « acceptées à bras ouverts », selon ses opposants, ne sont qu’une partie du prix qu’il a payé pour assurer sa survie, même si cela s’est fait au détriment de la souveraineté de son pays. Mais la fin, selon certains observateurs, a été une déshérence totale du régime devant le monde, où Assad n’est plus qu’une carte russe usée, contrainte de quitter la scène après avoir accompli son rôle dans la réalisation des intérêts russes.
Commentaires