Le groupe du Hezbollah libanais a déclaré avoir lancé plus de 200 roquettes sur plusieurs bases militaires en Israël en représailles à une frappe qui a tué l'un de ses hauts commandants.

L'attaque menée jeudi par ce groupe armé soutenu par l'Iran était l'une des plus importantes dans le conflit qui dure depuis des mois le long de la frontière libano-israélienne, avec une escalade des tensions ces dernières semaines.

L'armée israélienne a indiqué que "plusieurs obus et cibles aériennes suspectes" étaient entrés sur son territoire en provenance du Liban, précisant qu'une grande partie avait été interceptée. Aucun bilan immédiat de victimes n'a été rapporté.

Elle a ajouté "qu'environ 160 « obus » ont été tirés vers les hauteurs du Golan syrien occupé ainsi que plus de 15 drones sur le territoire israélien, mais certains ont été interceptés".

Israël a riposté après l'attaque du Hezbollah en frappant plusieurs villes dans le sud du Liban, selon l'Agence nationale d'information au Liban, une frappe israélienne à l'aide d'un drone sur la ville frontalière de Houlé a fait au moins un mort. Pendant ce temps, des avions israéliens ont franchi le mur du son au-dessus de la capitale libanaise et d'autres régions du pays.

Israël a reconnu mercredi avoir tué Mohamed Naïmé Nasser, qui dirigeait l'une des trois équipes régionales du Hezbollah dans le sud du Liban, la veille.

Quelques heures après sa mort, le Hezbollah a lancé des dizaines de roquettes Katyusha et des missiles Falak à ogives lourdes vers le nord d'Israël et les hauteurs du Golan syrien occupé. Il a tiré plus de roquettes jeudi et a déclaré avoir également envoyé des drones explosifs vers plusieurs bases.

Nasser avait une grande importance pour le Hezbollah, qui a indiqué qu'il avait participé aux combats des conflits en Syrie et en Irak de 2011 à 2016 et combattu lors de la dernière guerre du groupe avec Israël en 2006. Deux autres hauts commandants du Hezbollah ont également été tués.

Les États-Unis et la France poursuivent leurs efforts pour empêcher que les escarmouches n'évoluent en une guerre totale, dont ils craignent qu'elle s’étende à toute la région. Washington, dans le cadre de ses efforts diplomatiques intenses, espérait d'abord instaurer le calme le long de la frontière libano-israélienne dans un accord non lié à la guerre à Gaza, cependant, les États-Unis, qui ont demandé à Hamas d’accepter la proposition de cessez-le-feu avancée par le président Joe Biden, estiment que mettre fin à la guerre à Gaza conduirait aussi au calme au Liban et dans le nord d’Israël.

Le conflit de faible intensité a éclaté peu après le début de la guerre à Gaza. Le Hezbollah affirme frapper Israël en solidarité avec le Hamas, qui a déclenché la guerre à Gaza par son attaque du 7 octobre contre le sud d'Israël. Le commandement du mouvement indique qu'il arrêtera ses attaques une fois un cessez-le-feu à Gaza conclu, et bien qu'il ne souhaite pas la guerre, il est prêt à y faire face.

Par ailleurs, des responsables israéliens indiquent qu’ils pourraient décider d’entrer en guerre au Liban si les efforts visant à parvenir à une solution diplomatique échouent.

La riposte du Hezbollah intervient un jour après la rencontre entre le principal conseiller du président américain Joe Biden, Amos Hochstein, et l’envoyé du président français Emmanuel Macron au Liban, Jean-Yves Le Drian, à Paris.

Les combats ont provoqué le déplacement de plusieurs dizaines de milliers de personnes des deux côtés de la frontière. Dans le nord d'Israël, 16 soldats et 11 civils ont été tués. Au Liban, plus de 450 personnes sont mortes - principalement des combattants, mais aussi des dizaines de civils.

Israël considère Hezbollah comme sa plus grande menace directe, estimant qu’il dispose d’un arsenal de 150 000 roquettes et obus, dont des missiles à guidage de précision.

En 2006, Israël et Hezbollah ont mené une guerre d’un mois qui s’est terminée sur une impasse.