Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a souligné mercredi la nécessité d'effacer l'approche coloniale qui a longtemps marqué l'histoire des relations de l'Italie avec les pays africains, en présentant le plan MATI pour l'Afrique comme la partie italienne du plan Marshall européen.
Tajani a déclaré, lors d'un débat intitulé « Nos défis communs avec l'Afrique » en marge de la 44e édition du Forum de l'amitié entre les peuples de Rimini : pour construire une relation d'amitié avec l'Afrique, il est nécessaire d'avoir une relation de respect avec les millions de personnes qui sont nos voisins.
Tajani a ajouté : si nous pensons que nous traitons l'Afrique avec une mentalité néocoloniale, nous risquons de provoquer un rejet qui ne nuira pas à nous mais ouvrira la voie à d'autres acteurs comme la Russie et la Chine.
L’Italie est au cœur du parcours européen pour soutenir l’Afrique afin de surmonter le défi de la migration et de l’instabilité sur ce continent, alors que le rôle de la Russie, via les forces paramilitaires Wagner, s'intensifie.
Tajani a insisté sur la nécessité de conclure des accords avec les pays africains qui soient bénéfiques pour les deux parties. À ce propos, il a évoqué les entreprises mixtes opérant dans les activités minières, mais ensuite le produit est transformé en Afrique, avec sa main-d'œuvre qui permet à son tour la croissance et l’industrialisation sur le continent, et par conséquent l'achat des matières premières à un prix inférieur.
Tajani a abordé le plan MATI pour l'Afrique, le qualifiant de la partie italienne du plan Marshall européen, ajoutant : je souhaite que tous les pays européens fassent ce que fait l’Italie pour la croissance du continent africain.
Le ministre italien a révélé qu'il existe des centaines de projets dans tous les pays africains, précisant qu’en plus de ces investissements, il est possible de garantir le transfert de notre expertise des agriculteurs et des entrepreneurs vers le continent africain, avec des accords bilatéraux.
Tajani a également évoqué la situation dans certains pays africains avec lesquels le gouvernement italien a plus collaboré durant cette période, affirmant que l’Italie a fait tout son possible pour aider la Tunisie. Il a ajouté : la plus grande action du gouvernement italien a été de faire comprendre aux autres Européens que notre mission est d’assurer la stabilité du pays et non de transformer la Tunisie en Suède, Norvège ou Danemark… ce n’est pas possible.
Il a affirmé que les Italiens sont toujours bien accueillis, car ils savent faire preuve de flexibilité pour comprendre l'identité des autres.
En ce qui concerne la crise au Niger, l’Italie n’a pas soutenu une intervention militaire internationale ou européenne pour rétablir le gouvernement du président déchu Mohamed Bazoum. Tajani a déclaré à ce sujet : « Nous aurions pu être perçus comme des colonisateurs, des rapaces voulant s’approprier l’uranium parce que cela nous était utile.
Le ministre italien des Affaires étrangères a également parlé de la Mauritanie où l’Italie a une ambassade, la qualifiant de « pays important pour la stabilité africaine ».
Tajani a indiqué que le ministère italien des Affaires étrangères travaille actuellement à augmenter le nombre d’écoles italiennes en Afrique afin de renforcer la « relation d'amitié » avec ces peuples. Il a ajouté : la langue italienne est parmi les langues les plus populaires sur le continent africain.
Tajani a insisté sur la nécessité de soutenir les missions chrétiennes en Afrique au niveau politique et économique, soulignant que cela joue un rôle dans la croissance et l’éducation de nombreux jeunes.