La légende du jazz canadien Eleanor Collins est décédée dimanche dernier à l'âge de 104 ans dans la ville de Vancouver, en Colombie-Britannique, sur la côte pacifique de l'ouest du pays.

Collins était une star du grand écran dans les années 1950 et 1960, et elle a aidé à briser les barrières raciales dans les milieux artistiques canadiens.

À l'instar de centaines d'agriculteurs noirs, les parents d'Eleanor ont quitté l'État américain d'Oklahoma pour s'installer en Alberta. La migration des personnes de couleur noire est survenue après l'annonce par le gouvernement canadien de la vente de terres à fertiliser et cultiver, moyennant une somme modique ne dépassant pas 10 dollars.

À l'âge de quinze ans, Eleanor a remporté un concours de chant qui lui a permis de chanter sur une station de radio locale en Alberta.

En 1939, Eleanor s'est installée à Vancouver où elle a chanté avec des chorales des communautés noires (gospel) et plusieurs groupes de jazz.

Le couple s'est installé dans la ville de Burnaby, près de Vancouver, devenant les deux premières personnes de race noire à vivre dans ce quartier.

Peu de temps après, la communauté locale blanche a lancé une pétition pour les contraindre à quitter le quartier, mais le couple est resté malgré la persécution raciale qu'ils ont subie.

La première artiste noire à la télévision
Eleanor Collins, surnommée la première dame du jazz au Canada, est apparue pour la première fois à la télévision en 1954 dans une émission musicale pionnière avec une équipe mixte diffusée en direct à Vancouver.

La même année, Collins a participé avec ses quatre enfants à une comédie musicale, jouant le rôle d'une femme afro-américaine.

Un an plus tard, à l'été 1955, Collins a lancé son propre programme télévisé national hebdomadaire intitulé simplement "Eleanor". Elle est ainsi devenue la première personne non blanche à présenter une émission télévisée nationale en Amérique du Nord.

La légende du jazz canadien a ainsi précédé d’un an le musicien et chanteur de jazz afro-américain Nat King Cole, qui fut l’un des premiers Afro-Américains à présenter des émissions de variétés dans l'histoire de la télévision américaine, et à qui cette distinction est souvent attribuée.

Une carrière tumultueuse couronnée par la Médaille du mérite canadien

Collins a poursuivi sa carrière pendant plusieurs décennies dans de nombreuses émissions télévisées variées et a également donné des concerts à Vancouver, mais elle n’a jamais enregistré d’album.

Collins aurait pu atteindre une renommée mondiale et se produire sur des scènes internationales, mais elle a préféré se consacrer à la scène musicale canadienne dans les grandes villes de Colombie-Britannique et la troisième plus grande ville du Canada, Vancouver, et se dévouer à sa famille.

En 2014, à l'âge de 95 ans, Eleanor Collins a reçu la Médaille du mérite canadien pour sa carrière de chanteuse de jazz et pour sa contribution à la rupture des barrières raciales.

En 2022, la société postale canadienne a émis un timbre à son effigie en hommage à sa vie et à sa carrière d'artiste, musicienne et militante.