Amira Elghawabi, la représentante spéciale du Canada pour la lutte contre l’islamophobie, a déclaré que son travail visant à construire des ponts et à encourager le dialogue au sein de la société canadienne culturellement diversifiée est devenu ‘‘plus difficile’’ depuis le 7 octobre dernier, date du début du conflit actuel entre le mouvement Hamas palestinien et l’État d’Israël.

Dans une interview donnée ce week-end, Elghawabi a ajouté qu'elle se demande quelles sont les meilleures façons de ‘‘garantir que tout le monde se sente en sécurité’’, elle qui a fait face à des menaces et à des discours de haine et qui ‘‘écoute les inquiétudes’’ des deux communautés juive et musulmane.

Face aux douleurs ressenties ici et ailleurs, par les familles ayant perdu des êtres chers, et devant cet ‘‘état de choc’’, ce travail important pour combler un fossé qui s'élargit ‘‘devient plus important’’.

Elghawabi a également expliqué qu’elle est restée silencieuse lors des dix premiers jours du conflit afin d’assimiler ce choc, mais aussi afin de prendre le temps d’établir des contacts avec les communautés affectées par l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël ce jour-là.

Plusieurs parlementaires lui ont reproché ce silence.

Si le nombre de délits de haine liés à l’islamophobie et à l’antisémitisme, depuis le début du conflit entre le Hamas et Israël, a ‘‘augmenté d’environ 500% en deux jours après le 7 octobre’’, Elghawabi pointe du doigt les plateformes de réseaux sociaux et les messages qui y circulent et qui approfondissent les divisions.

Elghawabi estime que dans un contexte de fortes tensions sociales, toute personne en position d’autorité a la responsabilité de trouver des mots qui auront un effet positif sur ces communautés et de faire preuve de sensibilité.

Et si ce discours politique peut être unificateur, il peut aussi mener à la division.

‘‘Ceux qui cherchent à créer des divisions peuvent trouver des gens qui parlent comme eux et pensent comme eux, et peuvent rester dans leur chambre d’écho. C’est leur choix’’, a ajouté Elghawabi.

Elle a également mis en garde contre les dangers de l’utilisation d’un langage ‘‘noir ou blanc’’ entourant le conflit intense entre Israël et le Hamas. Elle a dit que le conflit actuel au Moyen-Orient, et au-delà de la dimension religieuse, est une lutte pour la terre.

Elghawabi est la première personne à occuper le poste de représentant spécial du Canada pour la lutte contre l’islamophobie. Ancienne journaliste, diplômée de la Faculté de journalisme de l’Université Carleton à Ottawa, elle était, lors de sa nomination à ce poste à la fin janvier 2023, directrice des communications stratégiques à la Fondation canadienne des relations raciales (CRRF / FCRR) affiliée à l’État canadien.