Le ministre de la Sécurité nationale israélien Itamar Ben Gvir a déclaré que « ses droits en Cisjordanie sont "plus importants" que les droits des Arabes ».

Lorsqu'on a interrogé ce ministre d’extrême droite lors d’une interview accordée à la chaîne 12 mercredi soir, concernant la sécurité en Cisjordanie après une vague d’attaques palestiniennes sanglantes, Ben Gvir a blâmé le ministre israélien de la Défense Yoav Galant pour ces violences, affirmant que « Galant devrait changer d’attitude », ajoutant « je fais confiance au Premier ministre mais je pense que Galant se trompe simplement dans sa politique ».

Ben Gvir a également ajouté : « Mon droit, ainsi que celui de ma femme et de mes enfants, à circuler en toute sécurité sur les routes de Cisjordanie est plus important que le droit des Arabes à la liberté de mouvement, mon droit à la vie prime sur leur droit à circuler ».

Ben Gvir habite dans la colonie de Kiryat Arba en Cisjordanie, à la périphérie de la ville d'Hébron (contrôlée à 80 % par l'Autorité palestinienne et à 20 % par Israël) dans le sud de la Cisjordanie. Plus tôt cette semaine, une gardienne d’une maternelle israélienne a été abattue devant sa fille lors d’une attaque sur une route près de la ville. Les attaques palestiniennes en Israël et en Cisjordanie ont fait 29 morts et plusieurs blessés graves depuis le début de l’année.

Le député arabe Ahmed Tibi du parti « Front arabe pour le changement » a critiqué Ben Gvir pour ses déclarations.

Tibi a déclaré sur la plateforme X, anciennement connue sous le nom de « Twitter », que « pour la première fois, un ministre israélien reconnaît en direct qu’Israël applique un régime d’apartheid basé sur la suprématie juive ».

Ben Gvir, chef du parti d’extrême droite « Otzma Yehudit », partenaire dans la coalition, a toujours adopté une approche dure envers les Palestiniens et s’est opposé à l’establishment sécuritaire sur les politiques en Cisjordanie.

Il a également un passé d’incitation contre les Arabes et, en tant que jeune activiste, a grandi dans le mouvement Kach fondé par le rabbin extrémiste décédé Meir Kahane, que les États-Unis et Israël ont classé comme organisation terroriste.

Karin Elharrar, députée au Parlement pour le parti d'opposition « Yesh Atid », a commenté l’interview en qualifiant Ben Gvir de « véritable représentant du gouvernement le plus raciste jamais vu ».

Comme Kahane, Ben Gvir a été condamné par le passé pour avoir soutenu une organisation terroriste dans des activités anti-arabes, mais il insiste sur le fait qu’il est devenu plus modéré ces dernières années. Cependant, il s’est exprimé à plusieurs reprises lors de cérémonies annuelles en mémoire de Kahane, y compris l’an dernier.

Depuis sa prise de fonction de ministre, Ben Gvir a également minimisé la gravité de la violence des colons contre les Palestiniens, qui a aussi augmenté cette année.

Plus tôt ce mois-ci, Ben Gvir a salué un colon israélien qui a tué un jeune Palestinien après lui avoir tiré dessus, déclarant que « toute personne qui se défend contre des jets de pierres devrait recevoir une médaille d’honneur ».

L’interview accordée par Ben Gvir à la chaîne 12 mercredi a principalement porté sur les crimes de violence dans la communauté arabe, qui ont augmenté sous son mandat. En tant que ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir supervise la police.

Ben Gvir a déclaré à la chaîne 12 que la vague de criminalité constitue une menace pour la sécurité de l’État d’Israël et pourrait s’étendre à la communauté juive, ce qu’il a qualifié de « menace plus grande » que la situation actuelle des meurtres quasi quotidiens parmi les Arabes.

En réponse à son commentaire, l’intervieweuse lui a demandé s’il fallait « ne s’intéresser qu’au fait que cela pourrait s’étendre aux localités juives », ce à quoi Ben Gvir a répondu que souligner cet aspect est « important ».

Il a ajouté : « Cela passe d’un problème criminel à une menace sécuritaire pour l’État d’Israël. La réalité est mauvaise et va s’aggraver. Nous ne comprenons pas pleinement cette question ».