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Publié: mars 12, 2024
Les députés ont approuvé lundi le lancement d’un nouvel examen parlementaire limité des politiques de transfert en prison au Canada, à la lumière du nouvel intérêt suscité par la décision de 2022 de transférer le meurtrier canadien tristement célèbre Luka Magnotta d’une prison à sécurité maximale à une prison à sécurité moyenne.
Les députés de la Commission de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes contacteront la commissaire des services correctionnels du Canada, Anne Kelly, ainsi que le directeur de l’établissement La Macaza au Québec pour discuter de la décision de transférer Magnotta et du processus entourant ce transfert.
La décision de tenir une audience spéciale à ce sujet constituait un déviation par rapport au plan initial proposé par les conservateurs - qui avait d’abord été soutenu par les libéraux - pour entreprendre une étude plus large qui aurait inclus le témoignage de plus de douze fonctionnaires.
Le débat sur la manière de procéder a eu lieu lors d’une réunion extraordinaire de la commission pendant une semaine de relâche de la Chambre des communes. Après deux heures de délibérations sur une série d’amendements, une proposition abrégée a finalement été adoptée de justesse, sans le soutien des conservateurs ni du Nouveau Parti démocratique.
Le retour de Magnotta sur la scène politique a eu lieu la semaine dernière lorsque le député conservateur Frank Caputo a publié une vidéo sur le site X, expliquant en détail sa visite à la prison La Macaza à sécurité moyenne au Québec pour voir les conditions de vie du meurtrier notoire Paul Bernardo.
Caputo a déclaré que lors de sa visite de l’établissement, « un gardien a commenté que Luka Magnotta venait de passer à côté de lui ».
Le Service correctionnel du Canada (SCC) a ensuite confirmé aux médias que Magnotta avait été transféré de l’établissement à sécurité maximale de Port Cartier à une installation à sécurité moyenne en 2022, sans confirmer de quelle prison précisément.
Magnotta, âgé de 41 ans, purge une peine d’emprisonnement à vie pour le meurtre horrible de l’étudiant international chinois Jun Lin à Montréal en 2012.
Le porte-parole de la commission du SCC, Kevin Antonucci, a déclaré dans un communiqué : « Ce délinquant est derrière les barreaux en toute sécurité depuis près d’une décennie ». « Il est toujours dans un établissement sécurisé, purgant une peine indéterminée ».
Le transfert de Bernardo depuis l’Institut Millhaven de l’Ontario à sécurité maximale a suscité une controverse politique l’été dernier, après que le transfert a été en grande partie tenu secret au sein du gouvernement jusqu’à son déroulement.
L’homme de 59 ans purge une peine d’emprisonnement à vie après sa condamnation en 1995 pour enlèvement, viol, torture et meurtre d’adolescentes - Christine French et Leslie Mahaffy - au début des années 1990 près de St. Catharines, en Ontario. Il a également été condamné pour homicide involontaire dans la mort de Tammy Homolka.
Au milieu de moments de tir partisan lors de la réunion extraordinaire de lundi, les députés conservateurs ont protesté contre ce qu’ils ont décrit comme l’octroi à un couple de tueurs « sadiques » de l’accès à certaines activités et installations, tandis que les libéraux ont exprimé l’espoir que l’examen reste centré sur l’essentiel et non sur des problèmes incendiaires.
Caputo a déclaré : « Je pense que la plupart des Canadiens ont été choqués par le transfert de Paul Bernardo, et je ressens la même chose que les Canadiens lorsqu’ils ont découvert que Luka Magnotta et d’autres ne se trouvent pas seulement en sécurité moyenne, mais aussi dans la même prison ».
Les conservateurs ont suggéré que la commission doit « atteindre le cœur » de l’impact des différentes politiques de justice libérales et ont également voulu examiner la responsabilité ministérielle. Ils avaient proposé de convoquer les ministres de la Sécurité publique actuels et anciens, ainsi que le chef de cabinet lors du transfert de Magnotta.
La semaine dernière, un porte-parole du bureau du ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a déclaré que les décisions concernant le niveau de sécurité des détenus relèvent de la commission du SCC, de manière indépendante, en tenant compte de la sécurité du public.
La députée libérale Jennifer O’Connell a d’abord dit à la commission que, bien qu’elle n’ait aucun problème avec l’examen des transferts en prison - proposant d’ajouter une série de témoins supplémentaires y compris des communautés John Howard et Elizabeth Fry - elle voulait souligner que « certaines des plus grandes années de reclassification des prisonniers du maximum au moyen ont eu lieu sous le gouvernement conservateur Harper ».
Elle et d’autres députés libéraux ont ensuite choisi de voter en faveur d’une version plus étroite de l’étude proposée par la députée du Bloc Christina Meschou, qui approfondit la question de Magnotta avec un accent supplémentaire sur les évaluations médicales et psychologiques.
En janvier 2022, les avocats de Magnotta ont déposé des documents devant la Cour fédérale, espérant les contraindre à son transfert de la prison à sécurité maximale du Québec vers une installation à sécurité moyenne, affirmant que la commission du SCC avait refusé une demande présentée l’été précédent.
Meschou a déclaré : « Ce qui m’inquiète dans l’affaire Magnotta, c’est qu’il a demandé des transferts à plusieurs reprises par le passé et s’est vu refuser ». Elle a poursuivi en citant des rapports non vérifiés par CTV News concernant la désignation de Magnotta comme transgenre et une évaluation d’une équipe de l’Université McGill qui était sceptique quant à cette déclaration.
La commission a accepté de demander le témoignage des fonctionnaires de McGill pour, selon Meschou, « savoir s’il y avait une faille dans l’évaluation psychologique réalisée ».
Alors que les conservateurs ont exprimé leur colère face à ce qu’ils ont perçu comme le retrait de leur proposition initiale par le Bloc, Meschou a salué le travail de Caputo sur cette affaire, notant que si ce dernier n’était pas allé visiter La Macaza, « nous ne serions pas ici aujourd’hui ».
Et en décidant de ne pas faire de cette réunion une priorité par rapport à son excellent travail, il reste à voir quand l’audience spéciale sur Magnotta sera fixée.
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