Parallèlement au début des négociations indirectes entre le Hamas et Israël dans la capitale qatarie Doha concernant une trêve possible, des fuites issues des séances du conseil de sécurité restreint en Israël samedi soir ont révélé une forte tension au sein des directions politique et sécuritaire. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a donné des instructions au chef d’état-major Eyal Zamir pour préparer un plan global d'invasion complète de la bande de Gaza, qui sera présenté après son retour d'une visite à Washington où un accord de cessez-le-feu potentiel devrait être annoncé.

 Cris, disputes et coups sur la table

Selon des sources proches de Netanyahou, la réunion a été marquée par des disputes violentes, des cris et des coups sur la table, avec un soutien explicite des ministres de la sionisme religieux Itamar Ben Gvir et Betsalel Smotrich à la position de Netanyahou, qui semblait déterminé à une escalade militaire.

Les analyses divergeaient sur les motivations de la fuite, certains la considérant comme une tentative de pression sur le Hamas, tandis que d’autres y voyaient une réponse à des fuites antérieures concernant les réserves de l’armée sur les plans d’invasion.

 Objectifs imbriqués derrière la menace

Selon les estimations des observateurs, Netanyahou cherche à atteindre plusieurs objectifs entremêlés à la fois, parmi lesquels exercer une pression sur le Hamas pour qu’il retire ses revendications liées à un cessez-le-feu permanent, maintenir le soutien de ses alliés de l’extrême droite, éviter les accusations de la part de l’opposition pour insuffisance militaire ou échec politique, ainsi que se présenter devant le président américain Donald Trump comme un dirigeant fort capable d’imposer des réalités sur le terrain pour parvenir à la paix.

Débat au sein de la salle de sécurité

Lors du débat, Netanyahou a insisté sur la nécessité d’établir un plan d’évacuation des civils, affirmant qu’il ne permettrait en aucun cas la présence du Hamas à Gaza, tandis que le chef d’état-major Zamir a mis en garde contre les risques de sombrer dans une gouvernance militaire directe, s’interrogeant sur qui gouvernerait deux millions de personnes vivant dans la pauvreté et la colère. Il a ajouté que le plan coûterait cher à Israël économiquement et socialement, avertissant également d’une possible perte de contrôle sur le terrain.

Cependant, Zamir a confirmé que l’armée était prête à exécuter toute directive politique malgré ses réserves.

Pressions et critiques internes

Les critiques ne se sont pas limitées à l’institution militaire, puisque Smotrich a adressé des critiques doubles, accusant le chef d’état-major de ne pas appliquer les décisions de la direction politique et accusant Netanyahou d’être incapable d’imposer son autorité sur les agences de sécurité. Il a également laissé entendre que la situation humanitaire est exploitée pour faire entrer des aides à destination du Hamas utilisées à des fins militaires, considérant cela comme une défaillance dans la gestion et le leadership.

L’armée cherche une victoire significative

En revanche, l’armée considère qu’elle a atteint des objectifs opérationnels suffisants et estime que la poursuite de la guerre pourrait conduire à un épuisement prolongé. Mais Netanyahou rejette cette évaluation, craignant d’assumer la responsabilité politique des résultats alors que le sentiment de frustration grandit au sein de l’armée à cause des pertes continues.

En parallèle, le sort de ces plans reste subordonné aux résultats des négociations en cours à Doha et à la capacité des médiateurs à parvenir à un accord qui arrête l’escalade, alors que la bande de Gaza vit l’une des pires crises humanitaires et politiques depuis des décennies.