Aziz Rabah
Lundi 30 juin 2025

Le réseau de l'institution africaine de recherche Afrobaromètre, spécialisée dans les sondages d'opinion en Afrique sur la démocratie, la gouvernance et la qualité de vie depuis 1999, a réalisé en février 2024 une enquête sur les intérêts et opinions des jeunes Marocains.

Cette enquête est basée sur des interviews avec un échantillon représentatif de jeunes au niveau national incluant 1200 jeunes. Selon le rapport, l'échantillon permet d'obtenir de bons résultats avec une marge d'erreur acceptable.

Le rapport de l'enquête, publié récemment, a mis en évidence que les principales priorités et préoccupations des jeunes portent essentiellement sur des questions sociales, telles que l'emploi à 70%, le coût de la vie à 47%, la sécheresse à 44%, l'éducation à 44%, la santé à 29% et la pauvreté à 11%.

Le rapport a détaillé des résultats inquiétants concernant le chômage et la migration, qu'il faut prendre en compte avec le sérieux nécessaire.

Le chômage chez les jeunes Marocains constitue un grand défi pour eux et pour l'État également, ainsi que pour les familles, avec de très fortes proportions de jeunes non engagés sur le marché du travail parmi les individus âgés de 18 à 35 ans.

L'enquête confirme les conclusions du rapport du Conseil économique, social et environnemental publié en mai 2024, qui a montré qu'environ quatre millions trois cent mille (4,3 millions) de jeunes entre 15 et 34 ans ne travaillent pas, n'étudient pas et ne suivent pas de formation (NEET). Un article détaillé a déjà été consacré à notre responsabilité collective sans exception dans l'évolution de cette crise ainsi que dans sa résolution.

Le rapport contient des indicateurs importants, certains inquiétants en ce qui concerne le chômage.

La catégorie des inactifs économiques représente 42%, dont 21% d'étudiants et 21% de chercheurs d'emploi.

Quant aux jeunes qui travaillent, 63% d'entre eux ne sont pas salariés, c'est-à-dire indépendants ou employés dans le secteur privé. 25% des jeunes travaillent à temps plein et 12% à temps partiel.
 
Leurs orientations dans la recherche d'emploi varient, avec 47% d'entre eux souhaitant créer leurs propres projets, 31% préférant travailler dans le secteur public, et seulement 13% préférant être salariés dans le secteur privé ou dans la société civile. C'est un élément très important car 60% d'entre eux préfèrent les projets d'investissement privés, tandis qu'en même temps peu d'entre eux souhaitent être salariés.

Concernant la difficulté à trouver un emploi, les jeunes attribuent cela à plusieurs facteurs liés à une faible préparation pour le marché du travail, tels que l'inadéquation entre les compétences acquises et le marché du travail à 34%, le manque d'expérience pratique à 18%, la faiblesse des compétences professionnelles ou le manque de motivation à 15%, et le refus de certains emplois à 9%.

En ce qui concerne la migration, l'intérêt des jeunes Marocains pour celle-ci a augmenté, avec 28% d'entre eux déclarant avoir beaucoup pensé à quitter le pays, et 15% déclarant y avoir pensé « jusqu'à un certain point ». En revanche, seulement 36% ont déclaré ne pas y avoir pensé.

La situation sociale est considérée comme la principale motivation pour la migration à la recherche de meilleures opportunités d'emploi avec 54%, et pour échapper aux problèmes économiques ou à la pauvreté à 18%. Par ailleurs, 14% souhaitent poursuivre leurs études et 12% cherchent de meilleures opportunités commerciales.

Cependant, il convient de conclure par un point positif qui doit également être pris en compte et valorisé. L'enquête a montré que malgré tous les défis, la majorité des jeunes fait preuve d'optimisme quant à l'orientation générale du pays, puisque 73% d'entre eux ont déclaré que le Maroc suit la bonne direction.

Cela confirme deux choses d'une importance capitale :

Premièrement : la confiance en l'avenir reste élevée parmi les jeunes, ce qui nécessite un travail sérieux pour ancrer cette confiance et y répondre par une mise en œuvre judicieuse de toutes les stratégies, plans et programmes nationaux et locaux afin qu'ils atteignent leurs objectifs.

Deuxièmement : la catégorie de jeunes pessimistes quant à l'avenir, représentant 27%, doit être traitée avec plus de vigilance en élaborant des programmes d'urgence dans lesquels tout le monde s'engage sans exception, des institutions de l'État à la société civile. Pour que ces jeunes comprennent les défis dans une dynamique positive et bénéfique, il faut travailler à fermer toutes les portes et fenêtres aux intrusions et sabotages externes et internes.

"Chacun d'entre vous est un berger et chacun de vous est responsable de son troupeau".