Les médecins de famille en Ontario font pression sur le gouvernement provincial pour alléger leurs charges quotidiennes.

Les médecins de famille de la plus grande province du Canada en termes de population (15,8 millions d'habitants) demandent, dans le cadre de leurs négociations avec le gouvernement, une meilleure rémunération et une exemption des tâches administratives.

L'épuisement professionnel, la retraite anticipée et la réorientation professionnelle : les médecins de famille en Ontario dressent un tableau quelque peu sombre de leur profession.

« Nous ne pouvons plus supporter cela. Et si vous pensez que la situation est mauvaise actuellement, attendez deux ou trois ans et vous verrez que personne ne voudra se diriger vers cette branche de la médecine », déclare le Dr Ali Khan Abdullah, médecin de famille dans la région de la capitale fédérale, Ottawa.

L'Association médicale de l'Ontario (OMA), qui négocie avec le gouvernement au nom des médecins, parle d'une « tempête parfaite » pour expliquer les pressions ressenties par les médecins de famille.

En raison de l'arrivée d'un grand nombre d'immigrants et du départ à la retraite relativement important de médecins de famille, de nombreux médecins praticiens souffrent d'épuisement professionnel.

Les médecins de famille se plaignent également que leurs rémunérations sont bien inférieures à celles de leurs collègues spécialistes, et que leurs revenus sont de plus en plus érodés par l'inflation.

« Les salaires que reçoivent les médecins (médecins de famille) ne suivent pas l'inflation, ce qui signifie qu'ils ne disposent pas des mêmes fonds pour payer leurs infirmières, le personnel de soutien et le personnel d'accueil », explique la directrice générale de l'Association médicale de l'Ontario, Kimberly Moran.

L'Association indique que les coûts des bureaux, les coûts liés aux équipements médicaux et les salaires du personnel de soutien augmentent plus rapidement que ceux des médecins de famille.

Le fossé croissant des salaires avec les médecins spécialistes suscite également l'inquiétude du syndicat des médecins de famille en Ontario.

Il est à noter qu'au début du mois de mars en cours, le gouvernement de l'Ontario et l'Association médicale provinciale sont convenus d'une augmentation salariale de 2,8 % pour les médecins de famille, mais cela ne concernera que les services fournis durant l'exercice financier 2023-2024.

Les médecins de famille demandent un allègement de leur charge administrative, qui leur prend de plus en plus de temps au détriment du temps passé avec leurs patients.

Certains semaines, le Dr Abdullah passe près de la moitié de son temps à remplir différents formulaires pour les patients et à gérer toutes sortes de saisies de données au lieu d'examiner les patients.

Il estime donc que le gouvernement de l'Ontario devrait simplifier, voire supprimer, certaines démarches administratives, car une telle mesure aiderait à réduire les listes d'attente dans le système de santé, selon lui.

Exempter les médecins de famille de la rédaction d'un certificat médical justifiant l'absence du patient au travail est l'une des recommandations des médecins de famille.

Selon une étude réalisée par le syndicat des médecins de famille en Ontario, les médecins de famille de la province consacrent en moyenne 19 heures par semaine aux tâches administratives.

Actuellement, environ 2,2 millions de personnes en Ontario n'ont pas de médecin de famille. Ce nombre pourrait atteindre 4 millions de personnes d'ici 2026, selon le syndicat des médecins de famille de la province.