Le conflit israélo-palestinien jette son ombre sur le discours du chef de l'opposition canadienne Pierre Poilievre lors de son intervention devant l'assemblée dans une synagogue juive à Montréal  

Le chef du parti d'opposition officielle au Parlement d'Ottawa, Pierre Poilievre, a répondu la semaine dernière à l'invitation pour parler dans une synagogue affiliée à la communauté ‘’Beit Israël Beith Aaron‘’ au centre-ville de Montréal.

Dans son discours devant l'assemblée, le chef des conservateurs a donné un aperçu de la politique qu’un gouvernement futur dirigé par son parti pourrait adopter au sujet du Moyen-Orient.

La situation au Moyen-Orient est source de division et de conflit depuis des décennies, et constitue actuellement l'un des sujets les plus épineux pour les politiciens canadiens, qui ont jusqu'à présent évité de prendre officiellement parti.

Au Parlement à la capitale fédérale d’Ottawa, Poilievre lui-même n'a mentionné Israël ou Gaza que quelques fois et avec réserve. Cela malgré le fait que son parti ait voté contre la proposition du Nouveau Parti démocratique appelant à la reconnaissance de l'État palestinien dans le cadre d'une solution à deux États par la négociation.

Mais les choses sont différentes en dehors des couloirs de la Chambre des communes. En réalité, le chef du Parti conservateur a publiquement pris le parti d’Israël lors de ses récents discours dans les temples juifs à Montréal et Québec. Une position qui a été très bien accueillie par ces communautés.

Lors de sa présence dans une synagogue juive à la ville de Québec le 26 mars dernier, Pierre Poilievre a été particulièrement présenté comme le futur Premier ministre du Canada. Une vidéo enregistrant l'événement montre Poilievre prononçant un discours de 33 minutes au milieu des applaudissements chaleureux de l’assistance.

En plus de mettre en lumière sa connaissance de la religion et de la culture juives et de raconter des histoires vécues lors de ses visites de jeunesse en Israël ainsi que de fournir des références et expressions familières à la communauté juive, Poilievre a poussé son discours plus loin en disant : ‘’Le peuple juif est le seul peuple que je connaisse, qui pratique la foi dans la même langue sur la même terre dans le même pays comme c’était le cas il y a 3 000 ans, c’est vraiment un peuple autochtone‘’, ensuite l’assemblée applaudit avec beaucoup d’enthousiasme.

En parlant de ses voyages, le chef des conservateurs a notamment évoqué son séjour sur le plateau du Golan, au nord d’Israël, où il a été témoin du lancement de roquettes depuis le Liban.

Il a ajouté ‘’Nous avons vu de nos propres yeux littéralement le Hezbollah tirer des roquettes sur le nord d’Israël, et comment l’armée israélienne a courageusement répondu à cette attaque dans le sud du Liban‘’.

Le leader canadien affirme qu’à son retour au pays à ce moment-là, il a contribué à « une vaste campagne pour criminaliser le Hezbollah ».

Il convient de noter que le gouvernement canadien ne reconnaît pas la souveraineté permanente exercée par Israël sur le plateau du Golan, une terre syrienne contrôlée par les forces israéliennes depuis 1967 et annexée par Tel Aviv en 1981.

Cependant, ce n’est pas la première fois que les conservateurs prennent le parti d’Israël dans le conflit régional qui déchire la région depuis 75 ans. En février 2018, le chef des conservateurs alors, Andrew Scheer, avait annoncé qu’en cas de victoire aux élections de 2019, un gouvernement conservateur reconnaîtrait Jérusalem comme capitale d’Israël, tout comme l’a fait le président américain Donald Trump en 2017.

Et malgré son soutien évident à Israël, le chef du Parti conservateur canadien a déclaré qu’il est sensible à la souffrance des populations palestiniennes dans cette guerre.

Dans son discours, il a exprimé sa compassion envers les familles palestiniennes dépouillées de leurs biens.

Il a ajouté que le régime iranien et d’autres tyrans dans la région ont transformé le peuple palestinien en une pièce d’échec diabolique.

Je comprends la raison derrière la forte pression politique, et je comprends pourquoi nos amis et voisins musulmans souffrent et parlent ouvertement de la souffrance de leurs proches à Gaza et en Cisjordanie.

Tout en affirmant qu’il croit en une solution à deux États par la négociation, où Palestiniens et Israéliens vivraient en paix et en harmonie.

Il a ajouté qu’un gouvernement conservateur à Ottawa ‘’défendra également le droit d’Israël à se défendre et rejettera toute proposition ou résolution à l’Organisation des Nations unies qui pourrait cibler Israël de manière injuste‘’, selon ses propos.

Pierre a déclaré qu’une des mesures qu’il a appelées est la fin complète du financement d’Ottawa à l’Agence des Nations Unies pour le secours et le travail des réfugiés palestiniens au Proche-Orient (l’‘’UNRWA‘’).

Cela ‘’afin que l’aide canadienne aille vraiment au peuple palestinien souffrant, et non à ceux qui soutiennent le terrorisme au sein de l’UNRWA‘’ 

Le Canada et plusieurs autres pays avaient suspendu leur financement à l’UNRWA en janvier dernier après qu’Israël ait affirmé que 12 employés de l’UNRWA étaient impliqués dans l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas contre Israël. Le ministre du Développement international du gouvernement fédéral Ahmed Hussen a récemment annoncé la reprise prochaine du financement de l’UNRWA après les résultats des enquêtes sur l’organisation.