À une époque censée avoir atteint le summum de la civilisation, du progrès et de la conscience, nous assistons à l'effondrement des principes les plus simples qui ont forgé l'essence de l'humanité : la dignité, les valeurs et la stature institutionnelle qui préservent l'équilibre des sociétés et insufflent la sérénité aux âmes de leurs enfants. Il est devenu habituel que les criminels apparaissent avec des visages qui ne connaissent ni honte ni peur, qu'ils défient ouvertement la loi, méprisent les droits des gens et s'acharnent à porter atteinte à leur dignité ainsi qu'à la stature de ceux qui veillent à leur protection.

Qu'est-ce qui nous a conduits à cette pente ? Est-ce uniquement la faiblesse des lois ? Ou bien l'audace des trouble-fêtes a-t-elle atteint un niveau inacceptable ? Ou s'agit-il d'une longue accumulation de tolérance envers ceux qui ont pris l'habitude de confisquer la sécurité, le respect et les droits sans réel frein ?

Comment ne pas l’être, alors qu’un responsable peut vous parler avec amertume de l'état des choses, et qu’un autre, chargé de responsabilités, vous confie sincèrement les défis et les contraintes qui entravent leur action dans certaines situations, tandis qu’un policier accomplissant son devoir avec honnêteté vous raconte les comportements de certains criminels qui non seulement n’ont pas été satisfaits de commettre des crimes, mais ont dépassé les limites, outrageant la loi, la dignité et le respect, avec une arrogance, une supériorité et un défi déplorables touchant l’honneur de la profession et la dignité de ceux qui exercent leur devoir avec une conscience vivante. C’est une réalité qui, si elle persiste, ne menace pas seulement la confiance des gens en la justice, mais pourrait aussi porter atteinte à l’esprit de discipline et à la confiance mutuelle entre la société et ses institutions.

L'histoire a toujours été, à travers les âges, un registre honnête de leçons innombrables, dans lesquelles des entités et des empires sont tombés parce qu'ils croyaient que leur oppression ou leur laxisme étaient indestructibles. C’est cette même histoire qui a écrit la fin des tyrans et des corrompus lorsqu’ils ont méprisé la dignité des gens, méprisé les valeurs et vidé la justice de son sens. Mais ce qui est étonnant, c’est qu’aujourd’hui nous répétons la même tragédie avec les mêmes détails.

Le plus grave danger pour toute société est que le crime devienne une scène habituelle qui ne suscite ni colère ni confrontation. Que l’injuste ose mépriser l’ordre, que le corrompu pense qu’il ne sera pas tenu responsable de ce qu’il fait, que le criminel regarde dans les yeux de celui qui applique la loi avec moquerie et défi.

Lorsque les institutions perdent leur capacité à imposer un ordre juste, et que le respect de la loi s’affaiblit, la porte s’ouvre largement au chaos et les voleurs volent en plein jour. Et lorsque les valeurs deviennent une marchandise négociable, achetée et vendue sur les tables des intérêts, la différence entre le droit et le faux disparaît, et la vie des gens se transforme en un terrain d'absurdité qui ne laisse rien intact.

Cependant, il ne faut pas céder à cette chute. Nous devons nous rappeler que les civilisations ne se construisent pas uniquement avec la modernité technologique, ni avec les apparences et les formalités, mais qu’elles se construisent lorsque la stature de la justice s’ancre dans les âmes avant les institutions. Lorsque la loi devient redoutée parce qu’elle est juste et équitable, non pas parce qu’elle est arrogante. Lorsque la dignité devient une valeur que personne n’ose attaquer, quel que soit son pouvoir.

Chaque crime impuni, chaque humiliation non réprimée, est une invitation ouverte à en faire plus. Et chaque silence que nous choisissons par peur, justification ou désespoir est une complicité tacite dans cette chute morale profonde.

En notre temps, oui, les valeurs, la dignité et la stature sont mises à l’épreuve chaque jour, mais elles restent dans le cœur des honnêtes gens une flamme inextinguible : la foi que tout droit perdu trouve son défenseur, et que tous ceux qui gardent la loi sont la dernière ligne de défense de la société et de la dignité humaine.

Il est temps que les législateurs et les décideurs prouvent au peuple que la justice n’est pas un texte rigide dans les livres, mais une arme vivante qui protège l’opprimé et dissuade quiconque oserait défier la loi, la stature et la dignité. Il est temps que les hommes de loi et de justice fassent preuve de rigueur et de courage, qu’ils élèvent haut le drapeau de la vérité, et qu’ils ne permettent pas que nos rues et places deviennent un espace permis à ceux qui ignorent la sacralité, la valeur et le respect.

Il n’y a ni dignité, ni sécurité, ni paix sans une confrontation réelle et rigoureuse à ce défi. Et que sachent ceux qui s’aviseraient de jouer avec les droits et la sécurité, que l’État, ses organes et ses hommes dévoués ne trahiront pas leurs serments, et n’autoriseront ni la rupture de leur stature, ni de leur dignité, ni de l’honneur de leur responsabilité.